Renouveau.be
Qu’est-ce que ce « Renouveau dans l’Esprit » ?

Qu’est-ce que ce « Renouveau dans l’Esprit » ?

Qu’est-ce que ce « Renouveau dans l’Esprit »?

En d’autres mots, quelle est la réalité qui sous-tend ce Renouveau dans l’Église? Cette réalité n’est autre que celle qui nous a été donnée par les sacrements d’initiation chrétienne. Notre baptême nous communique une nouvelle vie, une nouvelle identité; nous sommes introduits dans le mystère de la vie de Dieu; nous avons accès, dit saint Paul, auprès du Père, par Jésus Christ, dans le Saint Esprit. Quand on relit la prière de bénédiction de l’eau baptismale, on y découvre l’Esprit Saint comme étant l’agent de notre baptême. Par la confirmation, ce même Esprit nous est donné comme principe actif de cette nouvelle vie. C’est encore l’Esprit qui rend Jésus présent dans l’Eucharistie et qui fait de nous un seul corps en Jésus Christ. Ainsi donc, par les sacrements d’initiation chrétienne, nous avons tous reçu l’Esprit Saint et toutes les potentialités qu’il a mises en nous. Toutes ces énergies spirituelles ont été déposées en nous comme une semence, comme le grain de sénevé appelé à devenir un grand arbre.

Qu’avons-nous fait de ces richesses, de ces possibilités? Si l’on devait donner un tableau de la situation de tous les baptisés du monde, on serait amené à dire en gros ceci: la majorité des chrétiens a laissé dormir les énergies reçues au baptême; une petite élite essaie, contre vents et marées, de résister à une sorte d’étouffement, pour ne pas dire de disparition de l’esprit chrétien dans le monde d’aujourd’hui.

C’est donc dans ces perspectives qu’il faut comprendre le Renouveau: c’est un don de Dieu qui aide son Église à prendre conscience de la réalité et de l’action du Saint Esprit, qui nous a déjà été donné. Cela ne veut pas dire qu’avant cela personne n’avait fait l’expérience de l’Esprit Saint. Mais aujourd’hui, ce courant de grâce semble passer sur toutes les Églises chrétiennes, et non pas sur quelques privilégiés seulement. C’est comme si l’on découvrait, au fond de soi, une immense force qui était restée endormie; c’est comme si l’on découvrait une source qui envahit tout ce que nous sommes: intelligence, volonté, émotion, notre corps lui-même. Ce symbole de l’eau est finalement le meilleur pour exprimer cette réalité mystérieuse reçue au baptême, redécouverte par une action particulière de l’Esprit qui est en nous.
C’est du reste l’expression que Jésus lui-même employa le jour de la fête des Tabernacles: « « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi!… De son sein couleront des fleuves d’eau vive! » Il parlait de l’Esprit qui devait venir» (Jn 7,37-39).

Chez les uns, c’est vraiment une découverte. Car, avant cela, ils n’avaient pour ainsi dire jamais pris conscience de la réalité de leur baptême. Chez d’autres, c’est un réveil, un retour, une sortie de l’anémie spirituelle. Chez quelques-uns – qui étaient déjà fervents – c’est la découverte d’une plénitude qu’ils n’avaient pas connue jusqu’alors: c’est aller jusqu’au bout des engagements déjà pris.
Si nous voulons entrer plus avant dans la découverte de ce Renouveau dans l’Esprit, le mieux est de considérer les effets qu’il produit sur ceux qui ont demandé et reçu cette grâce.

Ici, je dis ce que j’ai vu, ce que j’ai entendu, non pas une fois, mais des centaines, des milliers de fois. Le premier effet, c’est une découverte ou une redécouverte de Jésus lui-même. Il est « le charisme» par excellence, disent les Américains. L’Esprit fait découvrir la présence, la puissance de Jésus dans une relation vitale, une relation qui communique la vie. Jésus devient le centre de la vie, des pensées, des préoccupations, et l’on s’engage vis-à-vis de lui d’une nouvelle façon, ou mieux, dans un don de soi-même, qui se veut total, sans ambiguïté.

Chez tous, j’ai constaté aussi un nouveau goût de l’Écriture. Ce sont vraiment des Paroles de Dieu, des paroles qui sont Esprit et Vie, qui changent notre vie. La promesse de Jésus se réalise: « Je vous enverrai le Paraclet et il vous rappellera toutes mes paroles, vous fera entrer dans la vérité tout entière» (Jn 14,26). Ainsi, le don du Saint Esprit devient une réalité qui pénètre notre intelligence et développe en nous la science de l’Écriture Sainte.
Il y a aussi un progrès étonnant sur le chemin de la liberté spirituelle selon saint Paul. L’Esprit fait comprendre qu’il faut nous débarrasser d’attitudes qui ne sont pas conformes à l’Évangile, et cela grâce au don de force qui nous fait agir, provoque des changements qui sont au-dessus de nos forces normales: tels ces jeunes gens et
jeunes filles qui abandonnent la drogue ou les abus sexuels parce qu’ils ont trouvé Jésus Christ. Tous disent: « Ma vie change, je ne suis plus le même.»
Un autre résultat, très tangible aussi, est l’expérience de la communauté chrétienne, de la communion en Jésus Christ. Dans les groupes de prière, on voit des personnes que tout sépare sur le plan humain – âge, race, niveau social, niveau intellectuel – se retrouver dans l’unité en Jésus Christ. Ils vous disent: « Nous ne sommes plus seuls, isolés; nous nous aimons en Jésus Christ et chaque rencontre est une joie. »
L’Église est aussi considérée dans une nouvelle vision; les jeunes y retournent parce qu’ils se rendent compte qu’elle est à la fois charismatique et institutionnelle. Si elle n’est qu’institution, elle meurt; si elle n’est que charismatique, elle devient folle. C’est ainsi qu’ils reviennent à l’Eucharistie et à la confession, et ne passent plus leur temps à critiquer sans discernement tout ce qui se fait ou se dit dans l’Église, ni à tout mettre en question, à tout moment et à tout propos.
Chose qui a surpris beaucoup de chrétiens, on retrouve la Vierge Marie dans la vision de la Pentecôte:

  • Comme celle qui a reçu la plénitude de l’Esprit et, dans cette plénitude, nous a donné le Sauveur.
  • Comme la Charismatique[1] par excellence, qui a su marcher selon l’Esprit avec une fidélité pleine d’amour.
  • Comme celle qui assistait à la naissance de l’Église, le jour de la Pentecôte [2].

Et, au-dessus de tout cela, on voit croître les fruits de l’Esprit dans les groupes de prière, et ces fruits sont le test, la preuve que l’Esprit Saint est à l’œuvre et qu’on ne s’est pas laissé entraîner dans une sorte d’évasion ou d’émotion excessive.
Les fruits de l’Esprit sont énumérés par saint Paul dans l’épître aux Galates (5,23-25): « Mais le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi… Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit.»
Tout cela n’est pas nouveau dans l’Église, me direz-vous! Bien sûr et heureusement, car l’Esprit, depuis la Pentecôte, s’est toujours manifesté dans l’Église. Ce qui arrive, c’est une nouvelle prise de conscience, c’est une nouvelle ouverture à l’action de l’Esprit. Nous nous rendons mieux compte que ce n’est pas nous qui bâtissons le Royaume de Dieu, mais que c’est l’œuvre de l’Esprit qui se servira de nous comme instruments, s’il nous trouve dociles. Cette action de l’Esprit n’est pas réservée aux « élites spirituelles»; elle se manifeste à tous les niveaux sociaux et culturels.
Faut-il ajouter que ce Renouveau, qui se manifeste à la fois chez les catholiques et les protestants, est un chemin œcuménique nouveau. C’est le même Esprit. l’Esprit unificateur qui est à l’œuvre chez les uns et les autres.
Comment être les bénéficiaires de ce souffle qui passe sur l’Église? Il faut, avant tout, être informé et bien informé. Puis vient le désir d’être envahi par l’Esprit Saint. Alors, il suffit de le demander dans la foi et l’humilité. « Si vous demandez l’Esprit Saint. il vous sera donné» nous dit saint Luc (11,13). Ce faisant. nous ne faisons que suivre ce que l’Église nous demande de faire en prenant au sérieux les merveilleuses prières à l’Esprit Saint que nous trouvons dans notre missel. Nous conseillons vivement de se préparer très soigneusement à cette prière de demande de l’Esprit. L’expérience nous a montré qu’un cheminement des sept semaines avec des frères et des sœurs expérimentés est plus que nécessaire pour éviter un empressement trop émotionnel ou une approche superficielle d’un mystère de grâce.
Mais avant d’entreprendre le cheminement des sept semaines, il est utile de fréquenter un groupe de prière pendant un certain temps.

Source : Père Philippe, o.s.b. Afin que vous protiez beaucoup de fruits, T 1 ; Editions du renouveau Charismatique, Pneumathèque. Paris 1982. ; PP. 24-28.


[1] « Charismatique» vient du mot grec « charis» qui veut dire: grâce, don, cadeau
[2] Lire le Chapitre 11 « L’Esprit Saint et Marie» du livre: Une nouvelle Pentecôte 1, Cardinal LJ. SUENENS, Paris, Desclée de Brouwer, 1974.