Origines de Renouveau – Un bref résumé d’histoire
Il y a entre le Renouveau dans l’Église et le Pentecôtisme certains points communs et des divergences profondes. Il n’est donc pas inutile de se situer et de rappeler les origines du Pentecôtisme. On pourrait en distinguer trois manifestations:
Le Pentecôtisme classique
Il est né en 1900 dans le Texas à Topeca. Un Pasteur méthodiste, du nom de Charles PAR NAM, prêchait le Saint
En quoi consiste le Pentecôtisme classique?
Le noyau central, c’est le Baptême dans « Esprit. Pour les Pentecôtistes, il y a deux baptêmes: celui de l’eau, qui est un baptême de conversion, de rémission des péchés, et celui de l’Esprit, par lequel nous recevons le Saint Esprit. Il est accompagné nécessairement du « don des langues », qui est comme la preuve que l’on a réellement reçu l’Esprit Saint.
Cette doctrine des deux baptêmes – et l’association indispensable du don des langues avec le don de l’Esprit Saint – ne peut être acceptée du point de vue exégétique. Le Père SULLIVAN, s.j., nous le montre clairement dans un article publié dans la Revue Gregorianum (1).
Autour de ce noyau central. il y a un certain style de prière où la spontanéité domine; on insiste beaucoup sur l’expérience personnelle, sur les manifestations charismatiques extérieures: dons de guérison, de prophétie, etc. Il y a sans doute une foi subjective très sincère, avec de réels
fruits de l’Esprit Saint. D’autre part, ses membres sont anti-institutionnels, très fondamentalistes dans leur-approche de l’Écriture Sainte. Certains groupes de prière se laissent parfois aller à des manifestations hystériques.
C’est donc un mélange de vrai et de faux. Bien qu’ils aient été rejetés durement par les grandes confessions protestantes, ils s’affirment de plus en plus par leur nombre (environ douze millions) et la sincérité d’une foi vivante et agissante, comme en témoigne le fameux livre La Croix et le Poignard, de Wilkerson.
Conscient des réserves à faire, je crois que l’on peut dire que les Pentecôtistes classiques nous ont rappelé que l’Esprit Saint existe et qu’il est agissant.
Le Néo-Pentecôtisme chez les Protestants:
On pourrait le situer autour des années 1950. En Amérique et ailleurs, les grandes confessions protestantes, telles les Épiscopaliens, les Méthodistes, les Presbytériens, etc., qui, jusque-là, s’étaient montrées opposées au courant Pentecôtiste, se sont doucement «dégelées». Elles ont autorisé, dans leurs paroisses, l’existence de groupes de prière s’exprimant d’une façon spontanée, comme chez les Pentecôtistes classiques.
Mais – et ceci est important – ces groupes, protestants restaient fidèles à leurs rites et aux vérités de leur foi. Le plus remarquable fut une sorte de réanimation toute neuve, puisée à la source de cette découverte: la réalité de l’Esprit Saint, déjà présent en eux par le baptême. D’autre part, ils ne se laissaient pas entraîner dans le sectarisme et le fondamentalisme du Pentecôtisme classique.
Pour ceux qui voudraient plus de renseignements sur l’ouverture des Protestants à ce Renouveau dans l’Esprit Saint, il serait utile de lire le numéro de juillet-octobre 1973 de la Revue Foi et Vie, consacré au Renouveau charismatique dans les Églises protestantes.
Le Néo-Pentecôtisme chez les Catholiques, ou le Renouveau dans l’Esprit
Nous sommes venus les derniers; mais chez nous le courant prit très vite une extension considérable, au point qu’aujourd’hui journaux, magazines, revues spirituelles, théologiques, nous renseignent sur cet événement surprenant dans l’Église.
Je me bornerai à donner ici quelques rappels historiques; les questions doctrinales viendront plus loin.
En 1967, tout a commencé dans un groupe de jeunes étudiants, à l’Université de Duquesnes, près de Pittsburgh. C’étaient des chrétiens fervents, mais inquiets de voir la situation de l’Église catholique se dégradant de plus en plus. Un jour, ils ont lu le fameux livre La Croix et le Poignard Cela provoqua chez eux un choc: « Comment se fait-il que nous, catholiques, nous soyons si loin de l’expérience de la réalité de l’Esprit Saint? Pourquoi ne voyons-nous plus de signes de la puissance du Seigneur?» Ils s’appliquèrent alors à relire et à méditer, ligne par ligne, les Actes des Apôtres, et, surtout, ils se mirent en prière, appelant l’effusion de l’Esprit Saint. Ils furent exaucés et reçurent une vitalité toute neuve. Ils prirent conscience de la réalité et de l’action de l’Esprit Saint. Ils devinrent des chrétiens rayonnants de joie et manifestant par leur vie la présence de Jésus Christ. En peu de temps, des groupes de prière se formèrent dans d’autres universités, faisant chaque fois la même découverte.
Parti de la jeunesse, le courant a atteint tous les milieux: jeunes et vieux, intellectuels et manuels, Noirs et Blancs, conservateurs et progressistes. Quelques chiffres montrent à l’évidence l’importance de ce réveil religieux. On constate, toujours avec le même étonnement, que ce phénomène n’est pas réservé à l’Amérique. Partout dans le monde, des groupes de prière naissent. Aujourd’hui, il y en a dans plus de cent pays, totalisant plusieurs millions de catholiques. Au mois demai1 981, le pape Jean-Paul Il a accueilli dans les jardins du Vatican les dirigeants du Renouveau dans l’Esprit; tous ces pays y étaient représentés.
Devant un tel événement, il y a trois attitudes possibles: un enthousiasme irréfléchi, qui pourrait être dangereux; un scepticisme mal éclairé, qui risque d’éteindre l’Esprit, et enfin une ouverture prudente, qui juge l’arbre à ses fruits et pense qu’!1 y a là une nouvelle prise de conscience de la puissance de l’Esprit Saint.
Après ce bref aperçu historique, essayons d’analyser cet événement. Nous ne prétendons pas faire ici une analyse complète ou définitive, mais simplement livrer quelques réflexions qui en appellent d’autres et peut-être feront naître le désir d’approfondir par soi-même ce que l’on a saisi à travers une première intuition.
Source : Père Philippe, o.s.b. Afin que vous portiez beaucoup de fruits, T 1 ; Editions du renouveau Charismatique, Pneumathèque. Paris 1982. ; PP. 20-22
(1) Baptism in the Holy Spirit, in Gregorianum, Vol. 55, Fasc. 1, 1974.